31 mars 2010 - Souvenirs de nos vingt ans passés en compagnie de Patrick Topaloff.
Hommage d'une bande de copains
Adieu l’artiste, il nous avait fait tant rire lorsque sous l’uniforme du 9ème Régiment du Génie, il animait joyeusement les chambrées, les journées portes ouvertes mais, contre toute attente, il s’en est allé  le 7 mars dernier laissant orphelins une bande de copains avec qui il avait partagé ses années de jeunesse.
C'est le 15 mars 1965 qu'il franchit les grilles du poste de garde en compagnie d'un autre sursitaire Jack Nézat, les voilà tous deux à l'abri au poste de police sous la bonne garde du père du régiment de l'époque, le lieutenant-colonel Saufrignon qui, quelques temps après, sera remplacé par le colonel Poiré. De mauvaises langues ont fait courir le bruit qu'il était arrivé en retard pour se faire remarquer! Que nenni son ordre de route était bien rédigé en bonne et due forme, il avait eu certes l'avantage d'éviter les premières cohues de l'arrivée des bleus qui embarquaient à bord des GMC, dans la cour de la gare de Colmar, sous un froid glacial.

Patrick Topaloff au champ de tir de Wolgantzen
Incorporé avec la fraction du contingent 65 1/B, il fera comme tous ses camarades ses classes au Groupement d'Instruction à la 11ème compagnie placé sous le commandement du capitaine Robert Le Chanoine du Manoir de Juaye de 10 ans son aîné.  Premier contact avec la vie militaire dans la chambrée du 1er étage du G.I., dont la disposition dos à dos des lits superposés, en son milieu, permettait de franches rigolades. Il est vrai que son arrivée au G.I. n'était pas passé inaperçue. Avec sa dégaine, ses mimiques, ses grosses lunettes en écaille, son casque lourd en guise de couvre-chef et, en pyjama, haranguant ses camarades de chambrée avant l'appel du soir, Patrick déchainait des torrents de rire, réconfortant ainsi ceux qui n'avaient pas le moral. Avec le recul du temps cela ressemblait avant l'heure à un film non moins célèbre : « Mais où est donc passé la 7ème Cie ». 
Dans cette chambrée, il y avait parmi nous un appelé qui restait à l'écart de toute cette agitation et, qui a croisé notre chemin, il s'agit de Jean-François Poron. Comédien à l'époque, il avait été révélé par le film « La princesse de Clèves » dans le rôle du prince de Nemours qu'il joua aux côtés de Marina Vlady et de Jean-Marais. Appelé à une autre destinée à l'infirmerie, il ne terminera pas ses classes avec nous. Mais revenons à ces nuits, disons-le émaillées de fous rires. Patrick ne supportait pas les ronflements de son camarade Francis Heiligenstein qui occupait la couche inférieure du lit superposé et, c'est à coup de polochon, une arme bien douce qu'il tentait de le faire taire ! Le matin, au rassemblement en formation quadrangulaire, les sections écoutaient religieusement les directives de travail énoncées par Amedé Morvan, l'adjudant-chef de compagnie sous l'œil attentif du capitaine Du Manoir, un chic type.
Au GI une chambrée joyeuse Patrick Topaloff entouré de ses potes, Rommel, Blanc, Norture, Colin et Laengy
Après l'instruction militaire, c'est l'affectation d'abord au GI comme secrétaire du capitaine, puis ensuite à la Compagnie de Commandement et de Services (21ème CCS) où sa formation universitaire, reconnue en haut lieu, lui vaut d'être chargé d'instruire des sapeurs pour leur faire passer le certificat d'études primaire. Il sera aussi l'animateur des journées « Portes Ouvertes » qui chaque année permettaient à la population civile de rencontrer les militaires de « Génie » de la caserne Abbatucci.
Le XV du 9 - Patrick Topaloff et l'équipe composé de Henaff, Dalmolin, Lopez, Fourcade, Elicery, Monnier, Senmartin, Brun, Rousset, Veri, Poulain et Cormier
Une anecdote qui montre bien que l'ami Patrick avait le cœur sur la main. L'hiver 1965/1966 a été particulièrement froid, rigoureux et enneigé, c'est comme cela que certaines corvées dominicales, comme le déblaiement de la neige aux abords de la place d'Armes, était exécutées sans grand enthousiasme par les consignés. C'est là que notre boute en train eut une idée de génie ! Bricolant un ampli et le raccordant aux haut-parleurs, il diffusa dans les airs des chansons des Beatles, qui par enchantement eurent pour effet de redonner du cœur à l'ouvrage à nos consignés. Patrick était aussi un sportif dans l’âme, sa prédilection pour le ballon ovale l’avait amené à jouer dans l’équipe de rugby du 9. Lors de manœuvres au Camp de Bitche un match amical opposant l’équipe des hommes du rang à l’équipe des gradés se solda dans une mêlée très virile par le K.O. du capitaine Du Manoir. Ce dernier reprenant ses esprits, voulant savoir quel était l’adversaire qui lui avait porté ce coup décisif, fit un rapide
tour d’horizon. Son regard se porta sur Patrick qui reconnu, bien évidemment, cet engagement musclé dans la plus grande tradition de fair-play qui sied à ce jeu.
Et puis, les  jours passèrent et ce fut le moment de quitter la vie militaire. C’est en compagnie de Richard Norture, un sergent appelé de sa classe qu’il rejoindra Paris « Gare de l’Est ». Tous deux n’avaient plus un sou en poche, mais disposaient de cette fameuse pièce de taxiphone qui leur permettra d’appeler à la rescousse, le père de Richard. Celui-ci a eu l’immense plaisir de retrouver son fils à la Brasserie de la Gare et, de régler les 2 demis de bière de nos militaires libérés….
40 ans après rencontre de Michel Schultz et de Patrick Topaloff à Velleron pour la fête de la fraise
Poursuivant sa carrière, il nous a bien fait rire pendant de nombreuses années. Certains d’entre nous avaient gardé des contacts et, chaque fois qu’il le pouvait, il n’avait de cesse de rappeler combien il avait été marqué par son service militaire au cours duquel, il avait rencontré cette mixité sociale, creuset d’une franche solidarité et de camaraderie. Il avait envisagé de nous retrouver lors d’une prochaine retrouvaille, comme il en faisait part amicalement à notre ami Jean-Pierre Cavaillé avec son expression favorite : « Alors ma poule ! ….», mais le destin en a décidé autrement, il a rejoint la longue liste de nos disparus……et restera pour toujours présent dans notre mémoire.
Michel Schultz et Partick Topaloff à Carpentras
Nous aurons aussi une pensée pour l’un de nos camarades, Jacques Aiguillon de la 63 2/C qui nous a également quittés à l’âge de 65 ans dans cette belle région d’Aquitaine, et dont l’inhumation a eu lieu le 16 février dernier au cimetière de Fourques-sur-Garonne.

A leurs familles respectives, les anciens du 9 compatissant à leur douleur s’associent à leur peine et, leur adressent leurs très sincères condoléances.
NB : Merci à Francis, Michel, Jean-Pierre, André, Richard, Jack, Bernard, Roland, Daniel, ….. pour leur témoignage qui a permis de composer cet article. Une galerie de photos est mise en ligne sur le site pour honorer notre camarade. Si vous avez d'autres photos, n'hésitez pas à nous les faire parvenir, nous nous ferons une joie de les publier.


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