1er septembre 2009 - Retour dans le passé....il y a 100 ans !
Un article de la rédaction
(Source et documents tirés en partie de des ouvrages de Guy Lefèbvre et de Marcel Poisot)
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Pour tous ceux, passionnés d'histoire et nous sommes nombreux, nous ne pouvions pas passer sous silence que la caserne dans laquelle nous avons fait notre service militaire fête cette année son centenaire.

Un bref rappel historique s'impose pour retracer les évènements qui ont conduit à la construction de cette caserne. Nous sommes à la fin du second empire, la France le 19 juillet 1870 déclare la guerre à la Prusse, le 2 août les hostilités commencent à Sarrebrück où l'Armée Française s'empare de la ville en livrant un petit combat, les Prussiens l'ayant évacuée. A partir du 4 août, les pressions de l'ennemi se font de plus en plus fortes, malgré une résistance héroïque des Français, repliés sur la place de Sedan. Cette situation va conduire l'Empereur Napoléon III à capituler. C'est le désastre de Sedan, puis le 4 septembre c'est la proclamation de la IIIème République.
La guerre continue ! La place forte de Neuf-brisach sous le commandement du colonel de Kerhor forte de 5000 hommes, disposant de 92 canons, 16 mortiers et 17 obusiers de siège fait face à la 4ème division placée sous le commandement du général Von Schmeling. De Kerhor refuse de se rendre. C'est un déluge de près de 1200 projectiles qui tombent sur Neuf-Brisach. La cité n'est pas épargnée comme en témoigne cette image après les bombardements Allemands en novembre 1870. C'est le siège de Paris qui va durer 5 mois se terminant par l'entrée des troupes Allemandes le 1er mars 1871. Le traité de Francfort est signé entre la France et l'Allemagne le 10 mai 1871 et met fin à la guerre franco-allemande de 1870-1871, ce qui entraîne la perte de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine.

Devenue allemande la garnison de Neuf-Brisach abrite le 142ème régiment d'infanterie badois, le 66ème régiment d'artillerie badois et l'école des sous-officiers. Les casernes à l'intérieur de la cité étant trop vétustes et exigues pour les troupes en garnison, les Allemands décidérent de construire une nouvelle caserne à l'extérieur des fortifications entre Neuf-Brisach et le Rhin. Cette construction fût édifiée entre 1907 et 1909 avec des matériaux nobles comme le grès des Vosges pour les soubassements. C'est ainsi que les premiers occupants de la "nouvelle caserne", les soldats du 172ème régiment d'infanterie, porteur de l'épaulette rouge avec le chiffre 172 en jaune, firent leur entrée dans ces nouveaux bâtiments le 1er octobre 1909. Ce régiment occupa les lieux jusqu'à l'ouverture des hostilités en 1914.

Novembre 1918, c'est le retour de l'Alsace et de la Moselle à la mère patrie. L'armée française prendra possession de la nouvelle caserne qui portera le nom du Général de Division Jean-Charles Abbatucci, le héros de Huningue en 1796. Curieusement son nom sera écrit avec un seul "B" sur nombre de documents. Pendant cette période se succéderont diverses unités, de 1919 à 1928 les 2ème et 4ème Bataillon de Chasseurs à Pieds, de 1928 à 1934 le 4ème Bataillon de Chasseurs à Pieds, remplacé de 1934 à 1936 par le très glorieux 152ème Régiment d'Infanterie surnommé par les allemands "Les diables rouges", puis à la veille du second conflit en 1938, c'est la formation du 42ème et 28ème Régiment d'Infanterie des Forteresses.

L' Allemagne par l'invasion de la Pologne déclenche un conflit mondial qui allait durer 6 ans faisant des millions de morts. Après la débacle des Armées Françaises en mai 1940, beaucoup de soldats pris dans les mailles du filet sont faits prisonniers. C'est ainsi que la caserne Abbatucci devient une géole où flottait un grand drapeau à croix gammée. Environ 50000 hommes étaient rassemblés là, de toutes nationalités, pataugeaient dans un indescriptible cloaque. Les Allemands devant cet afflux de prisonniers à gérer durent à la hate organiser des camps, mais de l'autre côté du Rhin. Pour beaucoup d'entres-eux, c'est le départ vers les stalags où ils porteront la triste inscription sur leur dos de "Kriegsgefangener" . En août 1944, des élèves sous-officiers Roumains servant sous l'uniforme Allemands ont par mégarde fait sauter la partie centrale du premier bâtiment à droite de l'entrée. C'est ce que découvrirons les premiers sapeurs du 9ème RG en 1962.

Après la fin de la seconde guerre mondiale, la caserne dans un état de délabrement resta sans occupant, à l'exception de quelques associations oeuvrant pour la réinsertion des prisonniers Français revenus d'Allemagne. Alors qu'il se rendait sur le pas de tir de Wolfgantzen et passant devant la caserne en 1958, un ancien du 10ème Régiment du Génie de Vieux-Brisach décrit l'état catastrophique des lieux : plus de fenêtres, des barbelés aux ouvertures, les bâtiments zébrés de peinture de camouflage noire laissée par l'armée allemande donnant l'impression d'une garnison incendiée. Cette situation perdura jusqu'en 1962, date à laquelle avec la création du 9ème Régiment du Génie la caserne retrouva ses fastes d'antan pendant 30 ans. 1992 est la dernière année où une unité militaire quitte définitivement la caserne Abbatucci.


Une page est tournée, l'avenir de ces bâtiments est maintenant entre les mains des autorités civiles qui auront à coeur de leur donner, nous en sommes certains, une seconde jeunesse ! (A suivre.....)

 


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