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Raymond Blazy nous a quittés soudainement en cette veille du 1er mai dans sa belle région de Midi-Pyrénées laissant dans le désarroi et la douleur son épouse Gisèle, ses filles Christèle et Emilie, ses parents, sa famille, ses proches et ses amis.
Du contingent 66 2/B, il a effectué son service militaire à la caserne Abbatucci à Neuf-Brisach pour revêtir en septembre 1966 l’uniforme d’un sapeur du 9ème régiment du Génie, bien loin de sa ville natale Toulouse. Après ses deux mois de classe au Groupement d’Instruction, il rejoindra la 5ème compagnie dans laquelle il s’illustra auprès de ses camarades par sa gaité, sa bonne humeur. Il participera à des manoeuvres avec le 8ème Régiment de Hussards et le 152ème Règiment d’infanterie, les diables rouges en octobre 1967 comme en témoigne l’article de presse du journal l’Alsace. Puis proche de sa libération, il confectionnera une quille considérée comme un chef d’oeuvre avec des matériaux à forte teneur en cuivre, à vrai dire peu commun dans l’enceinte de la caserne. C’est ainsi qu’en décembre 1967, il franchit une dernière fois le seuil de la caserne Abbatucci. |
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De retour à la vie civile dans « la ville rose », il exercera son métier de chef de Chantier dans l’entreprise « Electrification Générale S.A.» et épousera Gisèle en 1971.
En 1974, il quitte définitivement la métropole garonnaise pour s’installer au vert, comme il aimait à dire, dans le paisible et bucolique petit village de Saiguède à une quarantaine de kilomètres de là.
Bien que n’étant pas originaire de la commune, Raymond sera très vite adopté par ses habitants. Avec Gisèle, il participera activement à la vie du village, et en deviendra un des principaux acteurs. Leurs deux petites filles, Christèle et Emilie sont toujours là avec eux, partout ! Raymond est un bon vivant, sa gaité, sa tolérance, sa disponibilité et sa bonne humeur font de lui un des piliers de l’esprit festif du village. Raymond aime rire, blaguer, plaisanter et ne recule jamais devant un verre de l’amitié. Tout lui sera pardonné, même la mise sur cale, un soir de repas à Saiguède, de l’estafette de la gendarmerie avec l’aide de quelques copains. Des canulars, il en fera plein d’autres et ses copains de Saiguède lui rendront bien la monnaie de sa pièce. Eh Oui, dans les années 80, il rentrera de vacances et trouvera sa maison à vendre. Des Saiguèdiens avaient posé un panneau pendant son absence.
C’est dans la nuit du 2 au 3 octobre 1980 que la vie de Raymond va basculer tragiquement une première fois suite à un accident de la route au volant de sa voiture. Durant trois longues années passées à l’hôpital, il subira 19 opérations chirurgicales suivi de rééducation en centre spécialisé. C’est physiquement diminué, qu’il quittera l’électrification générale et se reconvertira professionnellement en intégrant la commune comme employé communal et garde champêtre de 1984 à 2007.
La retraite arrive en 2007, mais cette année là une fois de plus le destin le frappera durement. Une tumeur cancéreuse à la langue est diagnostiquée, laquelle nécessitera une lourde intervention chirurgicale suivie d’une greffe avec plus de 140 points de suture, suivie dans le temps par de longues et pénibles séances de rayons sur toute la mâchoire. Alors qu’il est prédit que Raymond ne parlera plus, à force de volonté et au grand effarement du corps médical, il reparlera.
Affaibli , diminué, en 2011 le sort s’acharnera une dernière fois sur sa vie avec un cancer des poumons. Une assistance respiratoire qui lui permettait de se déplacer puis ces derniers temps d’un protocole de chimiothérapie n’ont pas permis de le sauver.
Durant plusieurs années il s’est battu ardemment, courageusement et a su s’adapter au carcan complexe, contraignant et douloureux de la maladie. Pourquoi parler de courage lorsqu’on n’a pas le choix, mais sans courage qui irait subir tous ces traitements barbares. Raymond ne baissera jamais les bras. Coupé de la vie publique, il s’évertuera par le biais d’internet à toujours communiquer avec les autres et notamment avec ses copains, les anciens du 9ème RG. Que ce soit sur notre forum ou par l’envoi de mails, il occupait ses journées à garder et perpétuer le lien de la convivialité, de la complicité et de l’amitié avec cette pointe d’humour spontanée qui le caractérisait. Recevoir un mail de sa part nous faisait savoir qu’il allait bien. Oui, Raymond Blazy était un affectif, un homme simple, attachant et entier qui subissait cette brûlure de vivre comme une véhémence sur un ciel assombri. Quand on a ça, on se fout du paraître. On ne s’attache qu’à la sincérité…. Telle était sa manière de penser.
Dans sa quête impétueuse de vivre, il revendiquait pleinement son appartenance aux anciens sapeurs du 9ème RG. L’esprit de camaraderie et les liens émotionnels qu’il tissait envers ses copains et amis étaient forts, indéfectibles et la réciprocité unanime par les nombreux mails et posts de soutien et d’encouragement qu’il recevait le réconfortait , fortifiait son moral et tonifiait son tempérament de battant. Fatigué mais ragaillardi et galvanisé à l’idée de retrouver ses copains, Raymond avait été très heureux de pouvoir participer aux journées des Sapeurs, notamment en octobre 2009 dans le Lauragais prés de Castelnaudary pour une journée cassoulet puis le 14 avril 2010 pour concrétiser notre Association 9RG Club-AS à Meilhan sur Garonne dans cette ambiance de copains à laquelle il tenait tant.
C’est avec courage, dignité et détermination qu’il a affronté la dure réalité et son issue inéluctable. Nous avons la tristesse de le perdre, pour les siens d'abord, son épouse Gisèle, ses filles Christèle et Emilie et sa famille qui l'ont vu décliner et lutter jusqu’au bout avec l’énergie du désespoir. C’est certainement ce courage admirable et cette détermination qui lui ont permis de vivre encore des moments familiaux pleinement forts, attendrissants et émouvants comme les mariages de ses filles, l’arrivée de ses cinq petits enfants et le départ à la retraite de Gisèle.
Les obsèques de Raymond Blazy se sont déroulées le 4 mai 2013 en la petite église de Saiguède en présence de son épouse, de ses filles, ses petits enfants, ses parents, sa famille et de ses très nombreux amis, voisins et connaissances. Une belle et émouvante cérémonie d’adieu remplie d’émotion, d’affection , d’amitié, de tristesse et de larmes. Un long cortège a ensuite accompagné Raymond dans sa dernière demeure au petit cimetière surplombant le village. Une délégation d'anciens sapeurs du 9ème régiment du Génie, composée de Guy Lefebvre, Christian Gibert, Jean-Pierre Cavaillé, André Lahitte, Jacques Caldo et Georges Moulin ont rendu au nom de tous les sapeurs un dernier hommage à notre camarade disparu. Son souvenir pour ceux d'entre-nous qui l'ont côtoyé que ce soit sur notre forum, au téléphone ou lors de nos rassemblements restera à jamais gravé dans notre mémoire.
Adieu Raymond, Adieu sapeur, tu nous a illuminé de ton humanité et de ton courage.
Au nom de tous les sapeurs du 9, nous adressons nos plus sincères condoléances, notre soutien et toute notre sympathie à la famille de Raymond Blazy. |